Une année d’études inachevée et le désir de “faire du social” : c’est de là que part Mehdi l’année dernière quand il frappe à la porte du Valdocco. Il nous raconte ici sa découverte de l’association, son engagement en tant que volontaire en service civique, son intégration dans une équipe aux profils variés, et son cheminement vers de nouvelles perspectives professionnelles.

 

“Faire quelque chose dans le social”

Tous les ans, le Valdocco recrute des volontaires en service civique dans ses quatre sites : Argenteuil, Nice, Lyon et Lille. Des jeunes entre 17 et 25 ans se joignent alors à l’équipe d’éducateurs et de bénévoles. Ils sont un maillon précieux de la chaîne humaine que constitue le Valdocco dans les quartiers prioritaires, auprès des enfants et des jeunes.

Mehdi, un jeune homme de 18 ans, ne connaissait pas le Valdocco mais en cherchant à faire un service civique, il tombe sur une annonce de l’association : « Je sortais d’une année d’étude que je n’ai pas achevée, je me sentais mal, je n’avais pas passé mon bac l’année dernière, et je voulais faire quelque chose dans le social, j’ai donc répondu à l’annonce service civique du Valdocco ».

Trouver sa place dans une équipe

C’est ainsi que Mehdi rejoint l’équipe niçoise en octobre 2018. Il travaille au quotidien avec  des éducateurs spécialisés, des stagiaires, des bénévoles, le coordinateur et le directeur du Valdocco de Nice. Un travail d’équipe apprécié par Mehdi qui trouve rapidement sa place : « Nous avons souvent des réunions, et on est encadré et accompagné », confie-t-il.

En tant que service civique, Mehdi participe aux différentes missions : l’animation de rue, la relation avec les familles et l’accompagnement des jeunes. Il affectionne particulièrement les missions du pôle animation où il accompagne notamment les plus jeunes de 6 à 11 ans au sein du centre de loisirs ou pour les sorties : « je suis assez sportif et c’est important de partager ça avec les jeunes, ils aiment qu’on joue avec eux tout le temps ». Au contact quotidien des jeunes, Mehdi découvre l’accompagnement, l’animation, les relations avec les familles. Et cette expérience va déterminer son parcours.

“Il ne faut pas attendre que les jeunes viennent vers nous”

Au delà de la simple découverte des métiers du social, le service civique au Valdocco a été comme une révélation pour Mehdi. Aujourd’hui, il sait ce qu’il veut faire comme métier : « Ce que je veux c’est accompagner les jeunes, et les ados, parce que moi je suis passé par des moments difficiles et il n’y avait personne pour m’aider ».

En découvrant le métier d’éducateur spécialisé au Valdocco, et en participant aux différentes missions, Mehdi a particulièrement apprécié d’aller vers les jeunes pour les accompagner.  « Quand j’étais mal au lycée, je n’allais pas forcément vers la conseillère d’orientation »  explique-t-il. « Ce qui est important, c’est d’aller vers les jeunes et non pas attendre que les jeunes viennent vers nous, parce que quand on est ado et qu’on va mal, on ne va pas vers les gens. C’est ce que j’aimerais faire, aller vers les jeunes et les aider ».

Vers un nouvel objectif : devenir éducateur spécialisé

Cette expérience lui a ainsi donné l’envie et le courage de reprendre ses études pour passer son bac en candidat libre. Objectif : devenir éducateur spécialisé.

Pour réaliser cet objectif, il a pu compter sur le soutien du Valdocco qui lui a mis à disposition une bénévole. Depuis le mois de janvier, Mehdi se fait ainsi accompagner dans ses révisions. « Je n’ai pas passé mon bac l’année dernière, donc je ne sais pas trop comment réviser, la bénévole m’aide en me donnant un cadre, m’expliquant comment m’y prendre, et aussi dans certaines matières ».

Le service civique comme occasion d’échange réciproque

Benjamin Martinez, coordinateur du Valdocco de Nice, le confirme : le service civique au Valdocco est aussi l’occasion d’un échange réciproque entre le volontaire d’une part et l’équipe Valdocco de l’autre. Il explique : « Mehdi a été une ressource pour nous ; avec son dynamisme et sa motivation il nous a beaucoup aidés et soutenus, et nous avons pu l’aider dans son parcours, pour passer le bac ».

Pour Mehdi, cet échange lui a aussi permis de prendre un peu plus confiance en lui : « Au début j’étais très timide, assez réservé, ils m’ont permis de m’ouvrir. Mes proches l’ont remarqué d’ailleurs ».

“Je me suis senti important”

L’équipe niçoise l’a rapidement adopté, il s’est senti à l’aise car il a vite été responsabilisé : « Je me suis senti important, je participe aux réunions, je suis référent pour certains jeunes ». Mehdi parle humblement « d’une dette » envers le Valdocco : « C’était une période où je me cherchais et ils ont su m’accompagner».

Mehdi a répondu à une annonce pour un service civique au Valdocco Nice à une période où il se cherchait, où sa seule certitude était qu’il voulait faire du social. Dans quelques jours, il passe son bac, avec la détermination de faire des études d’éducateur spécialisé et travailler avec les jeunes plus tard : une belle ambition s’est construite et se concrétise grâce à un service civique.

Merci, bonne chance et bravo Mehdi ! Et avis aux candidats pour l’année 2019-2020 : rendez-vous sur la page “Nous rejoindre”, le Valdocco recrute de nouveaux volontaires en service civique.

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Elève à l’Ecole Polytechnique, Arthur Dupuis a effectué un stage de six mois au sein du Valdocco en 2017-2018. Intégré à l’équipe du Valdocco de Nice, il a été rapidement immergé dans les actions de terrain aux côtés des jeunes : animation de rue et accompagnement scolaire notamment. Il a aussi contribué à des missions administratives et financière, par exemple sur la recherche de fonds. Partage d’impressions d’après le stage…

Arthur, peux-tu nous faire partager un souvenir marquant au Valdocco ?

Une des choses les plus touchantes que j’ai vécues durant ce stage est l’accueil extrêmement chaleureux et joueur des jeunes. J’aurais pu en effet m’attendre à un accueil dur et difficile à gérer, mais au contraire il a été très simple par la facilité d’accueil dont fait preuve la communauté du Valdocco.

Y a-t-il de moins bons souvenirs ? Déroutants, éprouvants ?

J’ai trouvé assez difficile de m’intégrer dans la vie d’équipe dans les premiers temps. C’est peut-être du à mon absence d’expérience dans le milieu social, mais les premières réunions m’ont donné l’impression de retourner en stage d’observation de troisième et je me sentais parfaitement incapable d’accomplir les premières tâches qui m’ont été confiées. Heureusement, il n’est finalement pas trop difficile de prendre le pli rapidement.

Qu’est ce que ton stage au Valdocco t’a appris ?

Combien il est important de savoir écouter attentivement ce que chacun a à dire. Écouter s’apprend, et il faut alors savoir adapter ses actions à ce que l’on comprend de quelqu’un, et c’est particulièrement vrai quand il s’agit de l’éducation d’un jeune.
Un quartier est un écosystème, et après cette expérience et les nombreuses rencontres que j’ai pu faire, il me semble bien compliqué de faire des généralités sur ceux-ci comme on en entend souvent. Il me semble même que ceux-ci sont extrêmement plus riches en termes de diversité que n’importe quel autre lieu que j’ai pu fréquenter.
J’ai été particulièrement fier de m’intégrer dans cet environnement à Nice, non pas parce que c’est un environnement difficile, mais parce que j’y ai fait des rencontres extraordinaires.

Avec quel(s) trésor(s) repars tu du Valdocco ?

Je repars avec un souvenir ému des derniers mots que j’ai échangé avec les jeunes du Valdocco. J’espère avoir pu leur apporter autant que ce qu’ils m’ont apporté.

Un conseil pour les futurs stagiaires du Valdocco ?

Mon conseil peut sembler vague et pourtant je suis certain qu’il prendra tout son sens : prenez votre temps.

En quoi les jeunes et/ou les collègues du Valdocco t’ont permis de grandir ?

Ils m’ont énormément appris sur moi, sur la manière d’exercer l’autorité, sur la façon dont il faut écouter et agir en fonction. Il m’ont appris combien ils savent être talentueux et développer leurs talents, et c’est quelque chose que je souhaite pouvoir imiter.

« Mais Manu, on vous voit plus sur le quartier ! On n’est plus courant des activités que vous faites ! Qu’est-ce qui se passe ?! » S, 14 ans

Ce jour-là, cette interpellation a fait mouche. En effet, je prenais conscience que cela faisait des semaines pour ne pas dire des mois que nous n’étions pas venus rejoindre les enfants, les jeunes et leurs familles, in situ, aux pieds de leur immeuble. Oserais-je dire chez eux…

Nulle surprise dans ce constat puisqu’en équipe nous avons priorisé l’animation du centre de loisirs dans nos nouveaux locaux les mercredis après-midi. Cependant, cette interpellation a pris un relief inattendu en raison d’une lecture concomitante d’un article sur les notions d’accès et d’accessibilité.

« L’accessibilité sociale est parfois définie par la mise à disposition au sein des quartiers de services humains, de proximité et de médiation sociale destinés à faciliter la vie des usagers ; Il peut s’agir d’aide ponctuelle, non spécialisée, mais à n’importe quel moment, pour lever et réduire certains obstacles et permettre de mener une vie autonome ou simplement faciliter les conditions de vie de personnes susceptibles d’être fragilisées à un moment donné de la vie1. »

La lecture de ce passage indique que l’animation de rue peut être pensée comme un outil d’accessibilité sociale. Cette notion permet de revisiter le sens des animations de rue dans l’économie générale de la mise en œuvre de notre projet associatif sur les quartiers. Trois éléments parmi d’autres méritent d’être soulignés.

Rendre accessibles les actions par la circulation d’informations :

Si ces temps d’animation permettent de vivre des activités avec des enfants et des préadolescents du quartier, ils permettent également de communiquer auprès d’eux et de leurs parents. En effet, il est fréquent de rencontrer ces derniers aux abords des animations de rue dans la mesure où la plupart d’entre eux n’hésitent pas à venir nous saluer lorsqu’ils nous aperçoivent sur le terrain de jeux. L’expérience montre que ces rencontres informelles soutiennent la circulation d’informations sur les actions. L’information claire et reçue rend plus accessible voir utilisable l’action.

Rendre accessibles les actions par la présence :

Ensuite, ces animations régulières favorisent et consolident la présence de l’équipe du Valdocco dans l’environnement, les temporalités et l’entourage des habitants qui y participent. Cette présence synthétise et cristallise ce que la définition précédente appelle « services humains de proximité et de médiation sociale ». Inscrites dans l’ordinaire du quartier, l’expérience montre qu’elles deviennent sur le temps long point inaugural et portée de relations avec les habitants. Ceci est particulièrement vrai des liens avec ceux qui investissent la rue comme un espace de rencontres et de fraternité. Dans la mesure où elles permettent de porter des relations de confiance et d’alliance, ces animations rendent accessibles les autres actions du Valdocco car c’est par l’entremise de ces relations de qualité que jeunes et/ou parents s’en saisissent et les utilisent. Autrement dit, la qualité de la présence des membres de l’équipe durant ces animations de rue rend plus accessible voire utilisable les actions.

Rendre accessibles les actions par des pratiques de relais2 :

Comme l’indique la définition, l’accessibilité des services vise à faciliter la vie des jeunes et des familles rencontrées. Au Valdocco, l’animation de rue cherchent à favoriser l’accès à des activités plus structurantes car plus structurées, dans le domaine de l’animation (centre de loisirs, aide à la réalisation de microprojets d’adolescents, sorties culturelles ou de loisirs, etc. ) comme de l’accompagnement éducatif et scolaire (aide aux devoirs, soutien méthodologique, ateliers orientation). Pour le jeune, ces accès sont « réels3 » lorsqu’une relation éducative est nouée avec lui et sa mise en projet effectuée. Or, la présence régulière des membres de l’équipe en proximité géographique et en accessibilité relationnelle favorisent ces deux dimensions.

Au fil de ces animations, si un éducateur convainc un jeune par exemple de la pertinence qu’auraient des séquences d’accompagnement scolaire pour sa scolarité, s’il l’accompagne au local pour voir où il se situe et comment fonctionnent des séquences, et s’il parvient à contacter avec lui se(s) parent(s) en vue d’une prise de rendez-vous avec un collègue pour inscription, alors il pratique un relais. L’impact d’un tel relais est l’accès réel à une nouvelles action. Par conséquent, les animations de rue ayant permis ce relais contribuent à l’accessibilité de l’action vers laquelle il a orienté.

Au fond, par les informations qu’elles transmettent, par les impacts sur les liens et les lieux qu’elles opèrent, et par les relais qu’elles développent, ces animations de rue constituent de formidables leviers pour rejoindre le public, le mobiliser, et le faire accéder réellement aux actions. Elles participent donc d’une accessibilité sociale globale des actions du Valdocco. De ce fait, même si elles visent à accrocher des publics en périphérie des actions, elles ne peuvent devenir périphérique dans la mise en œuvre du projet. Finalement, la remarque spontanée de S. était tout à fait juste et a permis une réception renouvelée du projet du Valdocco.

1 Dans P. ROUSSEL et J. SANCHEZ, Habitat regroupé et situations de handicap, CTNERHI, Janvier 2008

2 Dans la suite des travaux de l’association Ecole et Famille, nous distinguons le passage du relais. A la différence du passage durant lequel un professionnel directement concerné par la situation transmet des informations à un autre professionnel peu ou pas encore concerné par la situation en dehors de toute présence de la famille, le relais s’opère entre deux professionnels en présence de la famille. Dans le relais, l’usager est précieux et participe à toutes les étapes du processus. Dans cette figure, « l’usager observe deux professionnels se demander de l’aide mutuellement et travailler leur complémentarité, opérer dans un champ de recouvrement. (S. HELLAL, De proche en proche. Proximité et travail thérapeutique de réseau en Algérie, Ed. Barzakh, Alger, 2008, p.151.) »

3 C’est-à-dire effectivement utilisés par les jeunes