Témoignage de Marie Mitterrand, administratrice de la fondation

 

YARA signifie « les enfants » dans une langue du Sahel, le Haoussa.
Les enfants vulnérables dans le monde, leur éducation, leur formation et leur accès à la culture et aux sports, sont la priorité de cette fondation pilotée par Marie Mitterrand depuis sa création en 2006 par le promoteur immobilier Les Nouveaux Constructeurs.
Née en 2006, la Fondation d’entreprise Les Nouveaux Constructeurs devient en 2015 la Fondation Yara LNC sous égide de la Fondation Caritas France.


Depuis sa création en 2006, la fondation Yara LNC soutient des actions éducatives du Valdocco à Argenteuil et à Lyon.

Le partenariat avec Le Valdocco est né de la rencontre entre Marie Mitterrand et Jean-Marie Petitclerc en 2003.
Depuis cette rencontre, la fondation Yara LNC a soutenu plus d’une dizaine de projets éducatifs du Valdocco.

Très récemment, le projet Des clics créations a vu le jour grâce au partenariat avec Yara LNC.
« Des clics créations » est une action éducative qui a fait appel à des artistes et des compagnies culturelles, pour permettre aux adolescents de s’initier et de se sensibiliser à différentes pratiques artistiques.

« Des clics créations » : des ateliers culturels tout au long de l’année 2019 à Laurenfance.

33 adolescents et jeunes adultes (internat, accueil de jour, anciens de Laurenfance) ont ainsi pu co-produire des créations artistiques.
Parmi eux, 22 étaient en situation de décrochage scolaire et en risque de marginalisation.

Au programme des ateliers :

  • Médiation corporelle et expression des émotions : pour permettre aux adolescents de mieux ressentir leurs corps, tout en apportant une certaine coordination entre les membres du groupe.

  • Le Street Art : pour permettre aux adolescents de s’initier aux techniques des arts de rue en co-réalisant une fresque. La dimension de partage et de plaisir partagé a été perceptible sur l’ensemble des séquences.

 

 

 

 

 

 

  • L’expression et le Rap : pour permettre aux adolescents de découvrir les techniques qui régissent l’écriture du rap, se les approprier, acquérir son propre style, jouer avec les mots et les sons, découvrir les rimes et s’amuser avec les tournures des phrases.

  • Education à l’image et galerie de portraits : pour permettre à chaque adolescent de s’exprimer sur la façon dont il se perçoit, au travers d’un travail photographique sur le thème du regard.

  • Création d’une B.D : pour permettre aux adolescents de construire ensemble une histoire, créer des personnages et un univers, tout en s’initiant aux techniques du dessin et de la sérigraphie.

Les missions de la fondation Yara LNC s’étendent au-delà de nos frontières.

Education, formation et accès à la culture et aux sports sont aussi les priorités de la fondation Yara LNC dans des pays défavorisés comme le Niger et l’Afghanistan.

Au Niger, la fondation a créé et gère 4 établissements avec deux ONG, Matassa et Esafro : deux internats (un à Zinder et un à Niamey) pour enfants ruraux vulnérables, une école primaire et un centre de formation professionnelle pour adolescents déscolarisés.

L’action de Yara LNC au Niger permet à 400 enfants et jeunes issus de villages isolés de poursuivre une scolarité complète et régulière à la fin du primaire et au secondaire car les collèges se situent loin de leurs lieux de vie et, sans famille pour les héberger à proximité, leur scolarisation y est impossible.

La parité filles/garçons est strictement respectée dans les deux internats. Les recrutements sont couplés à des actions de sensibilisation à l’éducation des filles dans les villages, l’objectif étant de sensibiliser les parents et tous les villageois, afin de lutter contre la déscolarisation des filles et le mariage précoce, une calamité au Niger où 77% des filles sont mariées avant 18 ans.

Enfin, la fondation suit et aide les internes bacheliers qui suivent ensuite un cursus universitaire.

En Afghanistan, Yara LNC vient en aide aux enfants d’une ethnie très défavorisée, les Hazâras, qui font l’objet de diverses discriminations et sont en butte à l’hostilité d’autres ethnies. La fondation y soutient une école pour enfants en difficulté, ainsi qu’une classe pour enfants malentendants.

 

En 14 années d’existence, Yara LNC a permis la scolarisation et la formation de nombreux enfants en France, au Niger, et en Afghanistan, entre autres, un engagement solidaire et durable.

Le Valdocco est donc très heureux d’être parmi les partenaires de la fondation.

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En France, le diplôme d’éducateur spécialisé a plus de 50 ans. Face à la crise que l’éducation traverse aujourd’hui, il y a à inventer de nouvelles manières de penser ces métiers et d’en former les acteurs. Une réflexion primordiale, à laquelle contribue le Valdocco au niveau européen. L’association est partenaire d’Educ’Europe, un programme européen soutenu par Erasmus + qui rassemble pendant trois ans cinq équipes universitaires et trois institutions socio-éducatives pour définir les contours des métiers éducatifs de demain.

 

Vers une nouvelle professionnalité

Créer un certificat universitaire, (Certificate of Advanced Studies), menant à terme à la construction d’un nouveau Master européen (Joint Master) d’éducateur. L’ambition d’Educ’Europe n’est pas mince et vise d’« accompagner les professionnels de terrain vers une nouvelle professionnalité, aux frontières de l’éducatif, de l’enseignement et du soin ». Et le chemin relativement long, car trois ans sont nécessaires pour poser les premiers jalons de ce certificat.

Première étape attendue bientôt : la publication d’un lexique sur la crise de l’éducation pour mieux en cerner les problématiques, à l’échelle européenne et commencer à identifier des pratiques porteuses de résultats qui peuvent orienter le mode de formation des éducateurs. Un travail porté par l’Université Paris 8, en collaboration avec quatre autres universités : l’Université du Luxembourg, le University College London, l’Università Milano Bicocca et l’Université de Paris Ouest Nanterre.

 

Un dialogue entre pensée et pratiques

Ce travail n’est pas qu’une réflexion entre universitaires. C’est aussi un lieu de rencontres et d’échanges de pratiques. Aussi, l’Université Paris 8 a associé trois organismes socio-éducatifs au programme Educ’Europe : une coopérative sociale italienne, l’Ecole nationale pour adultes du Luxembourg (anciennement « Ecole de la deuxième chance ») et le Valdocco. Toutes les trois ont déjà accueilli l’ensemble des membres du programme pour une visite et une présentation de leurs actions.

Les rencontres amènent au dialogue entre pensée et pratiques, entre nationalités, disciplines et langages. Pour les équipes du Valdocco, c’est une occasion de prendre du recul et de nommer de façon plus précise et questionnée ce qui relève du geste éducatif et de la posture professionnelle. C’est également une occasion de partager des pratiques de référence. « Le Valdocco a apporté de ce point de vue deux contributions importantes : l’une sur la gestion de la violence, basée sur le travail de l’internat Laurenfance, et l’autre sur le décrochage scolaire », précise François Le Clère, directeur général du Valdocco.

« Dans nos échanges, c’est la relation éducative qui est au premier plan » ajoute François. « Dans les problématiques complexes de l’éducation aujourd’hui, cette dimension relationnelle est essentielle pour aider les jeunes à grandir. ». Les savoirs formels peuvent contribuer à ce que les éducateurs progressent dans cette voie. Cependant, beaucoup de compétences clés sont des compétences psycho-sociales, parfois délicates à identifier et à transmettre. Les acteurs du programme Educ’Europe s’attachent précisément aujourd’hui à mieux cerner la teneur et la dynamique de ces apprentissages pour qu’un plus grand nombre puisse y accéder.
Rendez-vous pour un prochain point d’étape en 2020 !

Pour en savoir plus : http://www.educeurope.eu/

 

 

 

 

Le 11 janvier 2019, François Le Clère est devenu Docteur en Sciences de l’Education, après un parcours de recherche de plusieurs années au sein de l’Université Paris VIII. Sa réflexion porte un regard original sur la notion de décrochage scolaire. Un travail étayé par ses années de pratique en tant qu’éducateur spécialisé, mais aussi clinicien et intervenant en analyse de pratiques auprès d’équipes éducatives. Sa recherche s’ancre aussi dans son implication au sein du Valdocco dont il est aujourd’hui Directeur général.

Questions-réponses sur un itinéraire de réflexion et de recherche qui va de la pratique à la théorie… et revient à la pratique.

François, d’où t’es venu le projet de faire une thèse à propos du décrochage scolaire ?

En 2009, j’avais déjà une dizaine d’années de pratique auprès d’adolescents, en tant qu’éducateur en prévention spécialisée, et je désirais gagner en distance critique par rapport au travail de terrain. Les phénomènes de « désarrimage » ou de déscolarisation des jeunes me posaient question. C’était une préoccupation éducative forte des équipes et, en même temps, il me semblait que la notion même de « décrochage » méritait d’être interrogée.

Comment es-tu passé de la pratique à la théorie ?

Je suis passé d’une posture de « chercheur de l’intérieur », à la posture du doctorant, rattaché à l’Université. Pour autant, je suis resté très proche de réalités de terrain, empruntant les modalités de la recherche-action. Mes interventions en analyse de pratiques auprès de professionnels de l’éducation ont nourri ma réflexion, notamment dans le cadre des programmes de réussite éducative en Seine-Saint-Denis ou encore avec l’association Ecole et Famille.

Il y a bien des fondements ou inspirations théoriques dans ton travail ?

Oui, bien sûr. Ma formation en psychanalyse tout d’abord, qui explique que j’aie choisi de faire une recherche d’orientation psychanalytique, au sein du CIRCEFT, un laboratoire de l’Université Paris 8. Mais aussi bien d’autres références, comme les travaux de Janine Filloux sur la relation éducative, les travaux de Michel Foucault sur l’institution, la réflexion de Jean-Marie Petitclerc sur l’éducation et la pédagogie de Don Bosco…

Avec cet éclairage, comment analyses-tu cette notion de « décrochage scolaire » ?

La difficulté d’un grand nombre d’adolescents par rapport à l’institution scolaire est une réalité, et pour autant, la notion de « décrochage » est à interroger. Je montre dans ma thèse l’évolution des concepts dans ce domaine : le « drop out », « l’échec » scolaire, le « décrochage »… Ces évolutions sémantiques disent quelque chose d’une manière de voir qui peut aussi conditionner les pratiques, voire parfois les réalités elles-mêmes. Le mot même de « décrochage » mobilise les éducateurs d’une manière particulière autour de la situation d’un adolescent : ceux-ci le situent comme désaffilié alors que ces adolescents, précisément, cherchent la relation.

En même temps, tu explicites largement cette notion dans ta thèse ?

Oui et je propose d’analyser le phénomène et les parcours de décrochage sous trois modalités :

  • comme un mode de socialisation divergente ;
  • comme des modes d’apprentissages alternatifs à l’école ;
  • comme des impasses de la relation éducative.

Au fond, ce qui m’a mobilisé dans mon travail de thèse, ce n’est pas tant la question du décrochage en lui-même, que le décrochage comme un objet où se travaille le lien éducatif.

Pourquoi donnes-tu une telle importance à la relation éducative ?

La relation est un moteur fondamental pour grandir. Comme l’a souligné la philosophe Dominique Ottavi lors de ma soutenance, situer la question du décrochage dans le registre de la relation, c’est chercher à comprendre les dynamiques par lesquelles nous pouvons aider ces adolescents. C’est mettre à distance la tentation d’enfermer l’éducation dans des processus trop normatifs ou attendus. C’est aussi relativiser mythe de l’autonomie des individus que la société nous propose.

Que veux-tu proposer aux professionnels du champs éducatif ?

A partir de mon travail de thèse, j’ai envie de leur lancer deux invitations :

  • ne pas s’enfermer dans une dramaturgie du décrochage mais considérer cette délicate période comme une opportunité de croissance pour les adolescents, un passage qui peut être constructif.
  • intégrer pleinement dans le travail éducatif le temps passé à conjuguer et harmoniser leurs interventions, parce qu’on accompagne pas un adolescent de manière isolée mais forcément en lien avec d’autres. Dans cette complémentarité réside une clé de l’accompagnement.

[Propos recueillis par l’équipe comm’ du Valdocco]

Le Valdocco Lille mène cette année une expérimentation autour de l’orientation professionnelle des jeunes à partir de la 4e. L’objectif ? Permettre aux jeunes de réfléchir à ces questions à des moments charnières de leur scolarité, afin de vivre une orientation choisie, évitant ainsi un décrochage potentiel. Ce projet s’inscrit en totale cohérence avec le travail de prévention mené par le Valdocco depuis toujours.

Les premiers mois de travail ont permis d’identifier trois grands champs d’actions permettant d’accompagner les jeunes dans cette démarche.

La découverte des métiers et du monde de l’entreprise

Comment bien choisir sa voie professionnelle si on ne connaît pas les métiers qui s’ouvrent à nous ? Comment réussir son projet professionnel quand on a des difficultés scolaires ? Comment faire des stages structurants et formateurs sans réseau ? … Les jeunes du Valdocco sont confrontés à ces questions et nous les aidons en créant des passerelles avec le monde de l’entreprise. Au programme, visites d’entreprises et découvertes de métiers (Cora, Bayer, Décathlon…), échanges avec des professionnels présentant leur parcours, ateliers aux techniques d’emploi (CV, lettre de motivation, entretien d’embauche…) menés par des salariés ou encore réalisation de stages ou de jobs d’été. Notre objectif est de leur faire découvrir un maximum de possibles pour qu’ils puissent ensuite trouver la voie la plus adaptée pour eux.

Le développement et l’accompagnement personnel des jeunes

Pour bien choisir son orientation, il faut partir de ses forces, de ses compétences et de ses envies. Il faut oser faire un métier qui nous plaît. Il faut donc partir de soi et c’est ce que nous travaillons également avec les jeunes dans ce projet. Nous leur proposons des ateliers en groupe (développement personnel, confiance en soi, découverte de ses compétences…) et un suivi individuel pour affiner leur projet, les accompagner dans leurs choix et les amener progressivement à définir un parcours professionnel précis.

Le lien avec l’écosystème de l’insertion dans le Nord 

Enfin, afin d’avoir une action plus efficace, nous avons décidé de nous appuyer sur les professionnels de l’insertion présents dans le Nord et avec qui nous pouvons travailler en collaboration. Dotation de bourse pour les jeunes souhaitant faire des hautes études, parrainage par des salariés d’entreprise, ou encore accompagnement vers des formations spécifiques accueillant des personnes en difficulté d’insertion, il existe de nombreuses solutions pour répondre aux besoins spécifiques de chacun. La diversité et la force des propositions existantes dans le Nord nous amènent à mutualiser nos actions avec d’autres acteurs sociaux pour un impact plus grand et un meilleur accompagnement des jeunes.

Ces premières actions nous montrent le besoin énorme des jeunes du Valdocco sur ce sujet et l’attente forte des acteurs locaux de travailler avec nous. Cela nous conforte dans la légitimité de cette action et nous pousse à poursuivre ce projet et à le structurer davantage pour septembre 2018.